Poursuivis pour détournement de deniers publics (15 milliards de francs guinéens), honorable Amadou Damaro Camara, ancien président de l’assemblée nationale sous le régime Condé, détenue à la maison centrale depuis plusieurs mois, a de nouveau comparu à la barre ce lundi 25 mars 2024, Devant la CRIEF.
L’honorable Damaro a demandé une liberté sous contrôle judiciaire à la cour, pour des soins médicaux. Il souffrirait d’une Neuropathie périphérique.
« Monsieur le président, dans exactement 15 jours, j’aurais 72 ans, MashAllah. Trois semaines plu tard, j’aurais 2 ans de prison. Depuis 15 mois, je suis malade et hospitalisé. Cet petit appareil là, je suis obligé de le mettre sur mon pied au moins chaque trois heures pour ne pas prendre le risque de me blesser parce que je ne sens plus rien. J’avoue que ça allait mieux depuis décembre 2022, mais depuis deux semaines ça repris de manière inquiétante. Les médecins me disent, que si je continue de me stresser, cette Neuropathie périphérique, je risque de perdre mes orteils ou mieux. Je peux des fois marcher .Là où je suis, vous pouvez me planter sans risque un couteau, je ne sentirais rien. Si ça continue ça va se gangrener. L’intérieur même est devenue noir. Ensuite on me dit, ne te stresse pas, ne te stresse pas, sinon vous avez un risque d’AVC. Mais je suis hospitalisé à la traumatologie, là où on envoie les grands accidentés. Chaque fois, il y a des décès et même en pleine nuit. Quand je me réveille, je ne peux plus me rendormir » explique Amadou Damaro Camara
Ensuite,il rappelle:
« J’ai fait 5 fois la demande et 5 fois ont m’a accordé la liberté provisoire. Je crois que monsieur le président, je me suis soumis à cette justice avec bonne foi. Depuis juillet on est sur ce procès me concernant, je voudrais solliciter très humblement sachant qu’aucun de vous ne voudrais me voir mutilé apparemment on est loin encore de la fin du procès, qu’il plaise à la cour d’accepter de m’accorder une liberté provisoire sous contrôle judiciaire pour que ce changement de milieu me mette hors risque de perdre mon pied. Je crois que je ne représente pas une menace ni pour la société ni pour l’Etat. Je supplie humainement le procureur de ne pas s’opposer à ça » a t-il plaidé
Pour répondre à la demande, les substituts du procureur ont signalé des incohérences des examens médicaux, appuyant cette requête, avant de demander à la cour de rejter la demande.
Après discussion autour de cette requête, côté défense et partie civile, le procureur spécial, Aly Touré, s’exprime en disant:
« La défense a tendance à vous faire croire que les pathologies dont souffre monsieur Camara sont dû à son état d’incarcération. Je suis très gêner quand je parle de la maladie de quelqu’un. Il faut qu’on dise la vérité. Je ne sais pas comment est-ce qu’ils articulent leurs demandes, mais les dispositions textuelles sur lesquelles ils s’appuient vous pouvez les analyser du début à la fin pour voir est-ce que la maladie est une cause de liberté. Ce que la justice a pu faire dans son image humaine, lorsqu’un individu exprime une pathologie, vous l’envoyez chez les spécialistes pour voir ce qui ne va pas. De notre pouvoir c’est que nous avons suggéré. Même son hospitalisation, ce ne sont même pas ses conseils qui ont demandé. Ils ont demandé sa liberté. C’est nous qui avons dit il est malade; il ne peut pas rester en prison pendant qu’il traîne une maladie envoyez le à l’hôpital il va se soigner. Et depuis un bon moment il peut l’attester, il est au niveau d’un centre hospitalier. Les rapports dont on est entrain de faire cas, datent de plus d’un an, le dernier date du mois d’avril. Ce que je suggérerais monsieur le président, c’est de prescrire un examen médical pour son état actuel. En fonction de ça, vous pourrez en toute indépendance prendre une décision» dira le procureur Aly Touré.
Pour la décision finale, le juge Youcouba Conté renvoie l’affaire au 22 avril 2024 pour statuer, sur cette demande de liberté provisoire de Amadou Damaro Camara.
Gnima Aїssata KEBE