Le syndicat national de l'éducation ( SNE) a suivi , suit et suivra avec attention les réactions des citoyens , acteurs et partenaires sociaux de l'éducation suite à la proclamation des résultats de l'examen du certificat d'études élémentaires ( CEE) qui passent de 62,08 % en 2021 à 17,62 % en 2022. Alors que depuis 1958 , les résultats de cet examen n'ont jamais été inférieurs à 30 %. Une politique educative qui vise à encourager la scolarisation des tout-petits , surtout les filles et une façon de lutter contre l'analphabetisme et le décrochage scolaire ( abandon scolaire).
Pour atteindre , ce noble objectif, la République de Guinée a souscrit à la politique de la scolarisation primaire universelle prônée par L’UNESCO et l’OMD ( l’Objectif du Millénaire pour le Développement) .
Ainsi , la Guinée a adopté une loi d’orientation scolaire ( 1998) qui fait d’une obligation pour le gouvernement , la scolarisation de tous les enfants âgés de 8 à 16 ans. Cette loi n’a jamais été modifiée.
Dans le PRODEG, 2020 ( Programme Décennal de l’Éducarion en Guinée) , le gouvernement guinéen s’est engagé à réajuster la loi d’orientation scolaire qui rend la scolarisation obligatoire de 8 à 16 ans.
Donc, l’examen du certificat d’études élémentaires est en contradiction avec l’esprit et la lettre de la Loi d’orientation scolaire de 1998 et du PRODEG de 2020.
Au regard de ces observations sur le cadre réglementaire et institutionnel , le SNE fait des constats suivants :
1● Un fossé océanique entre les résultats de 2021( 62,08 % ) et ceux de 2022 ( 17, 62).
■ Au-delà de toute passion, quelles explications sociologiques , académiques et pédagogiques peut-on donner au peuple de Guinée pour justifier de telle chute drastique de résultats ?
2 ● La très grande disparité entre d’une part, les écoles privées qui font 50 à 100% et les écoles publiques qui font 0, 1 , 2 ,3 ,4… admis , et d’autre part entre les écoles de la capitale Conakry et les écoles rurales où on enregistre aucun admis.
■ La question est de savoir est-ce que les écoles publiques du monde rural qui ont un déficit de 19290 enseignants en grande partie dans les 8114 écoles primaires publiques du pays ont été mises dans les mêmes conditions d’enseignement et d’apprentissage pour pouvoir competir à égalité de chances avec ceux des centres urbains et des écoles privées pour produire les mêmes indicateurs de performance ?
3 ● Le faible taux de réussite des filles ( 7%) est un indicateur d’éventuel décrochage scolaire , d’abandon scolaire ou de déscolarisation des jeunes filles victimes de mariage précoce , forcé et de violences sexuelles.
■ Est-ce que les jeunes filles du monde rural ne seront pas les prochaines victimes de ces pratiques rétrogrades?
4 ● Le taux de redoublement étant très élevé ( 82 ,32 %) et les classes intermédiaires étant des passoires , il sera très difficile de trouver des enseignants et des salles de classe pour ceux qui doivent être recrutés au préscolaire ( préapprentissage) et en 1ère année, les redoublants et les promus qui quittent la 5ème pour la 6ème années.
■ Pourquoi nous évaluons nos élèves ? Pour quels résultats et à l’actif de qui ?
5 ● La tendance à politiser ce taux d’échec et à mettre à l’actif des deux précédents régimes. Comme pour dire que ces enfants ont fait 6 ans à l’école ( 2017- 2022) .. Et par conséquent, le Ministre n’a fait que présenter des résultats qui sont le fruit de cette période.
Alors que les enseignants qui ont formé ces enfants , les programmes d’enseignement , les équipements et infrastructures scolaires sont les mêmes hier et aujourd’hui. Nous sommes tous acteurs de ce système éducatif depuis des décennies dans les écoles publiques et dans les écoles privées.
Ces enseignants ont été formés sous le régime de Lansana conté. Ceux qui ont formé ces enseignants ont été formés par les enseignants de la première république.
L’administration est une continuité.
Tous des produits de l’école guinéenne.
■ Est-ce une question de réformes structurelles ou une façon de trouver un bouc-émissaire ? De la propagande ou du populisme ?
Ces résultats sont les résultats de l’école de la République qui est apolitique et non confessionnelle.
6 ● Des collèges risquent d’être fermés à l’intérieur du pays où des préfectures ont fait zéro admis.
■ Est-ce la bonne approche méthodologique de lutte contre l’ignorance et l’analphabetisme dans un pays ?
7 ● Les 45 % du budget des examens nationaux aloués au seul examen du certificat d’études élémentaires sont de simples gaspillages et ressemblent à l’exemple d’un cultivateur qui sème 100 sacs de riz pour récolter à la fin de la récolte 17 sacs de riz.
■ Pour quels rendements ?
À la suite de ces constats , le syndicat national de l’éducation ( SNE) propose l’analyse des résultats envue d’apporter des réponses aux questions suivantes :
1■ Quelles sont les raisons objectives de ces échecs massifs?
2 ■ Quelles sont les lacunes des élèves qui ont échoué ?
3 ■ Pourquoi il ya eu du succès dans telle commune , telle préfecture , telle école publique et privée et pourquoi il y’a eu
trop d’échecs par endroit ?
4 ■ Est-ce qu’il ya suffisamment d’enseignants d’infrastructures et d’équipements scolaires ?
5 ■ Est-ce que les élèves reçoivent une formation de qualité ?
6 ■ Peut-on exiger d’eux de nous restituer ce qu’il n’ont pas reçu ?
7 ■ Quellles sont les matières dans lesquelles nos élèves ont des difficultés d’apprentissage et qu’est-ce qui a été fait durant toute l’année scolaire pour y remédier ?
Avons-nous inculqué à nos tout-petits les compétences instrumentales de base : Savoir lire, écrire, parler et compter?