Puisque la parole d’hommage doit être dite là où il faut la dire, puisqu’elle doit être dite exactement quand il faut la dire, je déclare et je souligne ceci, en cette date fatidique du 8 mars 2021 qui t’a vu quitter à jamais ta si longue, si riche, si laborieuse et si élogieuse vie.
Jusqu’à vous, Maitre Djibril Tamsir Niane, jusqu’à votre génération, l’histoire de l’Afrique était écrite et racontée sous des prismes étrangers, par des conteurs ou raconteurs étrangers, féroces dépeceurs de notre continent, de ses valeurs et de ses ressources.
C’est avec vous que la plume de l’historien est partie, pour la première fois, dans les profondeurs mystérieuses de nos villages et hameaux, à l’écoute de nos mages paroliers, incontournables détenteurs de la mémoire populaire. Et dès lors, c’est cette plume incisive, cette plume de la révolte littéraire et scientifique qui a commencé à rendre compte du vécu réel, et donc, de la véritable histoire de nos ancêtres.
Une oeuvre comme « Soundiata ou l’épopée du Mandingue », par exemple, n’aurait jamais été ainsi magistralement racontée si vos veines patriotiques ne s’étaient pas vigoureusement gonflées de votre palpitant sang nationaliste.
Comme Amadou Hampathé Bâ, comme Joseph Ki Zerbo, je vous rends un hommage déférent, Maître Djibril Tamsir Niane !
Les historiens africains d’aujourd’hui et du futur sauront désormais et pour toujours mettre leurs plumes fouineuses dans les sillons honorables de votre démarche didactique, scientifique et patriotique.
Dormez désormais en paix, grand maître !
Fodé Tass Sylla